PATRIMOINE NORMAND

Voltaire à Caen en 1713

En 1713, Voltaire séjourne à Caen — c’est ce que rappelle Jacques Luley. Mais pourquoi François-Marie Arouet (1694-1778), de son vrai nom, s’arrête-t-il dans celle que l’on surnommait alors « l’Athènes normande » ?

À gauche : portrait présumé de Voltaire jeune, en habit d’élève des Jésuites, par François de Troy (Musée Lambinet, Versailles). À droite : l’église Saint-Pierre de Dernetal, à Caen — gravure anglaise de 1821 ; les lieux devaient être très proches de l’aspect qu’avait la ville au temps du séjour de Voltaire. (Coll. Patrimoine Normand)

À gauche : portrait présumé de Voltaire jeune, en habit d’élève des Jésuites, par François de Troy. (© Musée Lambinet, Versailles)
À droite : l’église Saint-Pierre de Dernetal, à Caen — gravure anglaise de 1821 ; les lieux devaient être très proches de l’aspect qu’avait la ville au temps du séjour de Voltaire. (Coll. Patrimoine Normand)

Mis à jour le 27 octobre 2025 à 17:35 Par
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Lorsque François-Marie Arouet quitte en 1711 le collège jésuite Louis-le-Grand à Paris au terme de brillantes études, son père, veuf et ancien notaire devenu « Conseiller du Roi, receveur des épices à la Chambre des Comptes », l’interroge sur la carrière qu’il souhaite embrasser. L’adolescent répond sans détour : « Je n’en veux pas d’autre que celle d’homme de lettres. » La réplique irrite profondément son père : « Mon fils, l’état d’homme de lettres est celui qui veut être inutile à la société et qui veut mourir de faim… Vous ferez votre droit ! » Voltaire dut s’y plier. Il a alors seize ans. Très vite pourtant, rebuté par des leçons de droit qu’il juge « insipides », il se met à fréquenter assidûment les salons littéraires : « Je fus si choqué de la manière dont on enseignait la jurisprudence que cela seul me tourna entièrement du côté des belles-lettres. »

Son parrain, l’abbé de Châteauneuf, fasciné par la précocité de son filleul, l’avait très tôt initié non seulement à Racine et La Fontaine mais aussi à des ouvrages interdits qui circulaient sous le manteau. Il l’avait même conduit, dès l’âge de huit ans, chez Ninon de Lenclos, où s’exprimaient libre-pensée et irrévérence. « Tu es un esprit libre, un esprit libertin », lui faisait-il répéter. Rien d’étonnant donc à retrouver le jeune Arouet en 1712 dans les salons parisiens — hôtel du marquis de Mineure, Société du Temple — où s’affrontent des esprits effrontés, ouverts et railleurs. Une nuit, rentrant tard, Voltaire trouve la porte paternelle close et s’endort sur une chaise à porteurs. Excédé, son père, janséniste…

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