Normandie, terre de potiers
Martincamp, Infreville, Manerbe, Pré-d’Auge, Bavent, Noron-la-Poterie, Ger : autant de villages de potiers qui suffisent à rappeler l’ampleur d’un savoir-faire enraciné, façonné par des siècles de production utilitaire et décorative.
Atelier de la poterie de Bavent. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)
De l’usuel à l’inutile…
Normandie, terre de potiers : on y dénombre, pour les XVIIIe et XIXe siècles, une grande douzaine de centres de poterie traditionnelle, ayant souvent des antécédents médiévaux, voire plus anciens. Il y a à peine un siècle, la plupart d’entre eux ont connu une rapide décadence menant à l’extinction des fours ; un seul a survécu jusqu’à nos jours — celui de Noron — dans des conditions très particulières de production. Les collections des musées et des particuliers ont heureusement recueilli nombre d’exemplaires illustrant la diversité de la poterie de Normandie pendant la période moderne et contemporaine. Érudits et chercheurs se sont attachés à en décrire la typologie et les conditions techniques de fabrication, mais peu d’études portent sur les conditions économiques et sociales qui ont influé sur l’évolution de cette production dont on a tendance à oublier qu’elle fournissait une gamme d’objets d’usage indispensable et quotidien. Ayant mené depuis plusieurs années une politique d’enrichissement de ses collections de poteries et venant de terminer, par la réalisation d’un vidéodisque, leur inventaire informatisé, le Musée de Normandie a présenté, en l’église Saint-Georges du château de Caen, pour son exposition de l’été 1993, un essai d’illustration de cette évolution qui a fait passer la production potière normande du registre de l’usuel à celui de l’inutile. À la suite de cette exposition, la salle de céramique du musée a été remodelée.
Deux traits de la géographie normande ont joué un rôle souvent déterminant dans l’évolution historique de la région : la Normandie est un pays maritime et elle constitue le débouché vers la mer du Bassin parisien — avec, pour corollaire essentiel, la proximité de Paris. Ces remarques valent non seulement pour l’explication des invasions, des guerres et des rattachements successifs aux royaumes rivaux de part et d’autre de la Manche, mais elles éclairent également certaines orientations prises par l’évolution économique et sociale de la Normandie. C’est dans ce dernier cadre que s’inscrit l’histoire de la production potière traditionnelle.
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