Claude Monet à Giverny
L’Ophélie des Nymphéas
Au mitan de sa vie, Claude Monet s’installe à Giverny en 1883. Il a 43 ans et il décèdera à 86 ans. Cela semble réglé comme du papier à musique, et pourtant. Au fil des décennies, le peintre se dote d’un jardin, d’un bassin de nénuphars blancs ou « nymphéas » et de vastes ateliers. C’est-à-dire de motifs conformes à ses désirs de transpositions toujours plus littérales de la nature, et de moyens pour affronter rien moins que l’éternité…
La maison du Clos normand à Giverny. (Photo Rodolphe Corbin © Patrimoine Normand)
Installation de Claude Monet à Giverny
Dès 1866, Émile Zola distingue en Claude Monet un tempérament plein d’énergie et « un homme dans la foule de ces eunuques » du salon officiel. À cela, il ajoute en 1868 : « Il est un des seuls peintres qui sachent peindre l’eau » des ports, loin des « marines en sucre candi ». Mieux encore, il recommande à Claude Monet, la même année 1868, l’auberge de Gloton sise à Bennecourt, village proche de Vernon, et c’est lors de ce séjour que l’artiste tombe amoureux du village de Giverny. À 43 ans, Claude Monet a derrière lui une dense vie de peintre qui ne l’a cependant pas enrichi financièrement. Le marchand d’art Paul Durand-Ruel avance l’argent du déménagement de Vétheuil à Giverny, car croyant dur comme fer à l’écurie des impressionnistes, il a toujours partagé leur combat pour s’imposer sur la scène artistique. Après avoir soutenu mordicus l’école de Barbizon, il a acquis vingt-neuf tableaux de Claude Monet dès 1872, et trente-trois en 1873. Il n’a donc pas attendu l’exposition de 1874 pour épauler les « ignobles du quartier des Batignolles » menés par Édouard Manet à l’assaut de l’académisme.
Claude Monet lui a rendu un vibrant hommage, consigné par Marc Elder : « Sans Durand, nous serions morts de faim, nous tous les impressionnistes. Nous lui devons tout. Il s’est entêté, acharné, il a risqué vingt fois la faillite pour nous soutenir. La critique nous traînait dans la boue ; mais lui, c’était bien pis ! On écrivait : ces gens sont fous mais il y a bien plus fou qu’eux, c’est le marchand qui les achète » ! Pierre-Auguste Renoir, notamment responsable de l’accrochage des œuvres dans l’atelier de Félix Nadar, corrobore ces dires dans un entretien avec C.-L. de Moncade : « En 1874, nous avions fondé, Pissarro, Monet, Degas et moi, le Salon des impressionnistes. Nous avions accepté le concours de peintres quelconques, car il fallait remplir nos murs. Ah, ce fut un joli succès ! Le public venait, mais après avoir fait le tour des salles, réclamait ses 25 sous en poussant des cris de paon. Ce que nous serions devenus, je ne le sais, si Durand-Ruel, qui avait la conviction que nous pourrions être appréciés un jour, ne nous avait empêchés de mourir de faim. »
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