PATRIMOINE NORMAND

La reine Mathilde

Double féminin de Guillaume le Conquérant

Année 1047. Le duc de Normandie Guillaume le Bâtard remporte sur ses vassaux conjurés la bataille du Val-ès-Dunes. Cet événement capital marque le début de sa domination réelle sur la Normandie. Il est âgé d’une vingtaine d’années et doit maintenant penser à assurer sa postérité.

Mathilde de Flandre par le sculpteur Jean-Jacques Elshoecht (1797- 1856), dans les jardins du Luxembourg, à Paris. (© Serge Van Den Broucke)

Mathilde de Flandre par le sculpteur Jean-Jacques Elshoecht (1797- 1856), dans les jardins du Luxembourg, à Paris. (© Serge Van Den Broucke)

Mis à jour le 7 novembre 2025 à 11:19 Par
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Au Moyen Âge, l’exercice du pouvoir est d’abord une affaire de famille. Une principauté telle que la Normandie appartient à un lignage et elle se transmet généralement de père à enfant, plus particulièrement de père à fils. Une fille peut certes hériter ponctuellement d’un tel domaine, mais seulement si elle n’a pas de frère en mesure de recueillir la succession. Pour un prince, prendre une épouse et engendrer une descendance est donc un devoir politique, une responsabilité morale.

Pendant son adolescence, Guillaume souffre beaucoup de son statut de fils illégitime du duc de Normandie Robert le Libéral (1027-1035)1. À plusieurs reprises, comme en témoigne le moine Orderic Vital, on lui fait sentir « qu’un bâtard n’est pas fait pour commander aux Normands ». Même après la victoire du Val-ès-Dunes, il demeure toujours des indélicats pour lui en faire la remarque. Lors du siège d’Alençon par exemple, à l’hiver 1051-1052, les défenseurs de la ville se moquent de lui en frappant sur des peaux de bêtes et en l’appelant « marchand de peau ». Il s’agit là d’une allusion déplacée aux origines modestes de sa mère, fille d’un humble tanneur de Falaise. La réponse de Guillaume à ce type d’insultes est systématiquement impitoyable. Dans le présent cas, une fois maître de la ville, il fait trancher les mains et les pieds d’une trentaine d’hommes. Ce ressentiment profond empêche sans doute le jeune duc de Normandie de s’abandonner à des amours ancillaires ou illégitimes, comme l’ont fait tous ses prédécesseurs. Sa chasteté proverbiale le fait passer pour impuissant aux yeux de certains de ses contemporains. C’est du moins ce que nous raconte le moine anglais Guillaume de Malmesbury, au début du XIIe siècle.

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