Le marché de Buchy

De bois et de plume

La volaille que l’on achète vivante fait la renommée de l’un des marchés les plus pittoresques de Normandie. Celui de Buchy, au nord de Rouen, ses patrimoniales halles du XVIIe siècle méritant déjà un fier et tonitruant cocorico.

Attesté depuis au moins 1227, le marché de Buchy se tient chaque lundi sous une longue bâtisse de bois, a priori datée du XVIIe siècle. (© Jean-Luc Péchinot) — Attesté depuis au moins 1227, le marché de Buchy se tient chaque lundi sous une longue bâtisse de bois, a priori datée du XVII^e siècle. (© Jean-Luc Péchinot)

Ce lundi-là, la simple poule pondeuse était à 13 euros, la poule Gournay à 26 euros, la Padoue et l’Auracana à œuf bleu à 28, la Soie à 30, le coq Brahma à 30, la pintade à 18, le dindon à 45, la caille à 3, le pigeon à 10, la sarcelle à 25… Quatre ou cinq étals pour trouver son bonheur volailler, jusqu’à la robuste lapine Géant des Flandres et au rare canard de Duclair, ce palmipède étant à l’origine de la recette du canard au sang créée vers 1900 par Henri Denise, le chef de l’Hôtel de la Poste à Duclair, près de Rouen. Recette mondialement connue puisque devenue le durable chef- d’œuvre de La Tour d’Argent.

Ça caquette, ça glougloute, ça cacabe, ça courcaille, ça roucoule et ça cancane : on est là sous la vénérable halle en bois où le marché du lundi en met plein les oreilles et plein les yeux. Il est de coutume d’y voir le client repartir son carton sous le bras, percé de trous grossiers d’où dépasse le bec, voire la crête d’une poule. D’un pittoresque qui n’est pas sans rappeler les marchés de l’époque de Flaubert, celui de Buchy est en effet l’un des derniers « aux vivants » de Seine-Maritime.

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